Le massif de la Sainte Baume est un massif montagneux s’étendant sur plus de 110 000 hectares à la frontière entre les Bouches-du-Rhône et le Var à 25 kilomètres à l’Est de Marseille et 25 kilomètres au Nord-Ouest de Toulon. Ses sommets, le Joug de l’Aigle et le Signal des Béguines à l’est de la crête, dans le Var, culminent tout deux à 1148m alors que le Pic de Bertagne, à l’ouest, culmine à 1043 mètres et est le sommet des Bouches-du-Rhône. Il domine le col de l’Espigoulier et la vallée de St-Pons du haut de ses falaises.
La Sainte-Baume est également le principal château d’eau de la région, elle donne naissance à de nombreux cours d’eau, on peut citer l’Huveaune, qui prend sa source au nord du massif et se jette à Marseille en passant par Roquevaire, Auriol, Aubagne ou encore La Penne sur Huveaune. Le Gapeau quand à lui prend sa source à Signes et se jette à Hyères. Plus généralement, quasiment toutes les vallées du massif abritent au moins un ruisseau. Elle serait à l’origine de la résurgence de Port Miou, un fleuve sous marin au débit très élevé de 7 M3/S qui, si le problème de la contamination saline était réglé, pourrait approvisionner en eau la majeure partie de la Basse Provence, les romains s’y approvisionnaient déjà il y a plus de 2000 ans, au niveau de la résurgence, où un gros remou est visible après les périodes pluvieuses dans la Calanque de Port-Miou à Cassis.
CLIMAT
Le climat de la Sainte-Baume est Méditerranéen-Montagnard, comme les Alpes du Sud, cependant, à micro-échelle, le climat varie grandement, principalement au niveau de la pluviométrie et du vent, la face ouest de la Sainte-Baume est la face la plus sèche, avec une moyenne annuelle de 779mm de précipitations au Plan d’Aups, la végétation y est donc plus typique des montagnes provençales, avec un maquis custitué principalement de chênes blancs, de chênes kermess ou encore de Neprins et d’autres végétaux typiques. À l’inverse, à l’est, la hêtraie humide de la Sainte-Baume fait partie des plus belles du sud de la France, chose rarissime en Provence. En face nord, on peut même croiser un bosquet de sapins, chose que l’on retrouve même difficilement dans les Alpes du Sud:
L’est de la chaîne est bien plus humide avec des précipitations variant entre 1000 et 1200mm par an, soit deux fois plus qu’à Marseille à environ 35km à vol d’oiseau.
Commençons par la neige, elle est possible entre fin Octobre et fin Avril sur les crêtes, mais tiens plus couramment entre Mi Novembre et fin Mars. Les Crêtes sont enneigés plusieurs fois par an, avec parfois des épaisseurs approchant le mètre pour les années les plus neigeuses. Le plateau du Plan d’Aups et de l’hostellerie, à 700m environ, sont eux aussi enneigés plusieurs fois par an, par ailleurs, le plateau est favorable à la chute des températures qui peuvent se montrer inférieures à -10°c lorsque les sols sont enneigés, le ciel dégagé et le vent absent. Au village du Plan d’Aups, de telles gelées sont plus rares. Sur la face nord, une température de -22°c a même été enregistrée lors d’une vague de froid, par ailleurs, la Sainte-Baume servait auparavant de glacière pour Marseille. Lorsque le roi Louis XIV fût de visite en 1660, il dût gravir la montagne sous la neige ! La neige tombe sur la montagne principalement par situation de retour d’est, où une dépression se déplace le long de la Côte d’Azur et où le Mistral, à l’ouest, draine l’air froid, c’est également la situation la plus favorable à la neige en plaine. Dans certaines situations, la neige peut aussi tomber lors de l’arrivée un front Atlantique, la neige peut alors tomber assez bas sur le massif mais elle se transforme rapidement en pluie (neige de redoux), cependant, cette neige peut persister durant toute la perturbation sur les crêtes et tenir. La neige peut aussi tomber durant d’autres situations météorologiques, comme dans l’occlusion d’une dépression située plus au sud si le drain d’air froid est suffisant, ou bien par averses de neige résistant tant bien que mal au Mistral. Il existe aussi une variante du front Atlantique, où ce dernier n’arrive pas à passer les Cévennes, laissant la vallée du Rhône à sec mais se reformant sur une bande Centrale des Bouches-du-Rhône se décalant lentement vers l’est, dans ces cas là, les précipitations sont faibles mais continues, si le drain d’air froid (lié au Mistral noir qui souffle dans le même temps) est suffisant, la neige peut tomber jusqu’en plaine. Elle tient souvent plusieurs jours dans les méandres de la face nord qui reste à l’ombre tout l’hiver. La neige fond cependant plus rapidement sur la face sud qui est exposée au soleil toute la journée.
Quelques photos de la Sainte Baume enneigée: (Je vous conseille également ce site: http://randojp.free.fr/0-Diaporamas/Neige/Neige1.html)
Maintenant, passons aux orages et à la pluie.
Les orages à évolution diurne sont très courants entre Avril et Août, avec un Pic d’activité en Mai et Juin, ils sont parfois forts et souvent localisés et peu mobiles, parfois grêligènes. Ils se produisent le plus souvent lorsqu’il y a une petite anomalie froide de température en altitude et un temps chaud au sol, cette anomalie n’est pas indispensable mais permet la formation d’orages plus virulents. Le plus souvent, les pentes sud, formées de maquis surchauffent, tour comme la Vallée de l’Huveaune, au nord et à l’ouest, ainsi que la zone du Plan d’Aups et de Nans les pins, l’air chaud, étant plus léger que l’air froid, va avoir tendance à élever le long des pentes (brises d’ascendance), en raison de l’humidité assez élevée en face nord grâce aux nombreux cours d’eau, et à la hêtraie, qui est le plus souvent à l’ombre de la face nord, le point de condensation est plus facilement atteint (forçage diurne (température élevée) + forçage de pente + brise marine apportant humidité et fraîcheur, poussant l’air chaud à s’élever + bien souvent forçage atmosphérique) et un orage peut se former. Ces derniers se forment généralement au dessus de la hêtraie et à l’est du massif et se déplace selon le flux, en direction de l’ouest et du Plan d’Aups (voire d’Aubagne/Marseille) si le flux est d’est, vers le nord si il est de nord etc. Ces orages jouent pour beaucoup à la pluviométrie très élevée ( plus de 1000mm) sur l’est du massif principalement, mais aussi l’ouest (700/800mm, contre 515mm à Marseille à 20km, l’écart se creuse encore plus avec les îles du Frioul et les Goudes, respectivement au large ouest de Marseille et à l’extrême Sud-Ouest de Marseille où la pluviométrie annuelle peine à atteindre les 350/400mm). La Sainte-Baume joue également un grand rôle dans l’activation des retours d’est orageux, qui sont souvent plus affaiblis après avoir passer le massif des Maures au sud du Var, ces orages se renforcent donc sur le massif et peuvent ensuite concerner les plaines des Bouches-du-Rhône, le massif joue donc grandement sur le climat marseillais, en plus des autres massifs de l’Est 13. La Sainte-Baule joue également un grand rôle lors des épisodes Méditerranéens, où les pluies se renforcent ou se bloquent sur sa face sud, arrosant tout le massif, là aussi, les cumuls sont souvent bien plus élevés que sur la cité phocéenne.
Températures, vents et nuages:
Hors périodes d’inversions, la température est en moyenne 6 à 8°c plus basse sur les sommets à 1148m qu’à Aubagne ou Cuges les pins à 100/200m, elles sont 5 à 7°c plus basses sur le reste de la crête. Cette différence est souvent plus élevée entre les zones à l’ombre de la face nord et hautes en altitude (au dessus de 900m, zone de la grotte Sainte-Marie Madeleine par exemple ) et Aubagne ou les autres villes de plaines où la différence atteint souvent les 10°c. Les jours sans dégel sont assez courant l’hiver lorsque le Mistral souffle, le ressenti peut y être assez glacial avec un vent pouvant dépasser les 100 km/h. Sur le Plan d’Aups, la différence en journée avec les zones en plaine est cependant faible, et la nuit, il fait souvent plus froid en plaine et dans les vallées qu’au Plan d’Aups en raison des inversions, la ville du Cuges les pins, située à 200m dans une sorte de doline compte par exemple bien plus de gelées que le village du Plan d’Aups à 650/700m, idem pour l’est d’Aubagne et la Moyenne et Haute vallée de l’Huveaune. La situation est cependant différente vers l’Hostellerie plus à l’est qui est bien soumise aux gelées. Par situation anticyclonique, la nuit des brises de pente descendent des crêtes en suivant les moindres petits vallons, (comme ceux de la face nord, et de la face sud) avant de rejoindre, pour les brises de la face nord, ouest et est les vallées de l’Huveaune, du Gapeau, de St Pons, des Encanaux et du Cauron. Celle de l’Huveaune est une des principales avec une brise de pente qui s’accélère et qui rejoint Roquevaire puis qui descend toute la vallée de l’Huveaune jusqu’à son embouchure aux Plages du Prado à Marseille. Elle permet de faire chuter le mercure sur ces zones, principalement entre Auriol et Roquevaire où des nappes de brouillard se forment souvent. On notera que la brise de pente de St-Pons est également très efficace avec des gelées fréquentes dans le parc de St-Pons. Là encore, la Sainte-Baume influence le climat marseillais, en rafraîchissant beaucoup les températures entre les quartiers Est et Sud, bien qu’il existe des dizaines d’autres brises de pentes à Marseille (il y en a des dizaines descendant du massif de l’Étoile, des collines du Roucas, du massif des Calanques, du Massif de Saint-Cyr etc).
En journée et par temps anticyclonique, la brise marine a tendance à gagner la Sainte-Baume par les Sud-Ouest, elle gravit en effet la montagne par les pentes de la face sud et de la face ouest.
Parfois, lorsque la situation le permet, souvent avant les épisodes Méditerranéens, les nuages marins se bloquent sur la massif de la Sainte-Baume, et, lorsque le vent est à l’est, un effet de foehn se produit sur la cité phocéenne et la basse vallée de l’Huveaune, la température augmente alors en flèche et l’humidité baisse, les écarts de température peuvent être assez élevé entre la plaine est et ouest, avec par exemple 13°c sous la pluie dans la plaine de La Crau dans le Var et 21°c à Marseille sous le soleil et un fort vent d’Est. En voici un schéma:
Du fait de son altitude, la Sainte Baume est régulièrement prise dans les nuages, certains jours, le sommet émerge de ces derniers, c’est le cas sur cette magnifique photo issue de ce blog: http://saintebaume.over-blog.com/2017/10/mer-de-nuages-versant-sud-et-nord-de-la-sainte-baume.html où de nombreuses autres photos de cette mer de nuages sont disponibles
Voilà, j’espère que cet article vous aura plu ! N’hésitez pas à me poser des questions si vous vous en avez 😉
De hautes valeurs de Thêta E favoriseront la formation d’orages parfois violents.
La présence de nombreuses anomalies permettra aussi aux orages d’éclore.
Températures au passage du front et rafales de vent maximales prévues jusqu’à Mardi 8h, on remarquera de violentes rafales sur le pourtour méditerranéen, liées à l’épisode méditerranéen de Mardi (voir partie II) )
Lanque de Thêta E très élevée, caractérisant un air tes humide et favorable aux orages, c’est grâce à cette langue que les cellules remontant entre l’Etang de Berre et Frejus devraient se former
Prévions du modèle EURO4 Mardi à 8h, on y voit la ligne orageuse entre Gard et Loire, avant de concerner la vallée du Rhône, on y voit aussi une cellule orageuse très intense remontant vers l’Etang de Berre, se formant grâce aux paramètres expliqués plus haut en plus d’une instabilité élevée avec 1000 Joules disponibles aux orages par Kg d’air. La localisation de ces cellules est très difficile à prévoir mais les départements concernés devraient être les Bouches-du-Rhône et le Var.
Cumul de précipitations par le modèle ARPEGE, qui lui, voit remonter la plupart des cellules intenses sur l’Est du Var.
Météover 